L’anarchiste grec Nikos Maziotis a été condamné, le 7 juillet 99, à quinze ans de prison. Il avait été arrêté le 13 janvier 98 pour sa solidarité active avec les habitants de la baie de Strymonikos, dans la Macédoine grecque, en lutte contre les installations métallurgiques de traitement de l’or de la multinationale canadienne TVX Gold. Un mois après son arrestation, Nikos, à travers une lettre adressée à un journal, assumait la responsabilité d’une attaque à l’explosif contre le ministère de l’Industrie et du Développement, réalisée le 6 décembre 97 à Athènes, comme acte de résistance et de complicité avec les villageois qui s’affrontaient avec la police venue défendre les armes à la main l’or et ses nuisances.
L’action revendiquée par Maziotis – une bombe qui n’a pas explosé – se liait concrètement à une lutte qui avait dépassé depuis longtemps les limites de la légalité et des négociations. La vie contre les poisons industriels, la révolte contre leurs ministères, l’auto-organisation des villageois, un blocage qui arrête les projets d’une multinationale sur une route de montagne – c’est tout cela nous raconte cette « apologie », prononcée le 7 juillet devant les juges. Elle nous parle de solidarité révolutionnaire, de guerre sociale, des véritables terroristes et de ceux qui ne veulent plus de leur terreur faite de travail et de matraques, de plomb et de mensonges médiatiques. Elle nous parle également de l’histoire grecque et des conflits d’aujourd’hui, d’une critique globale de la société étatisée et capitaliste qui n’oublie jamais – en dépit de tous les avocats du pouvoir – sa banalité fondamentale : les responsables existent et on peut les frapper.
Contre toutes les distinctions bâties sur le code pénal (moins un acte est risqué et plus il est juste, ou vice versa), la déclaration de Nikos n’est pas l’apologie d’un acte isolé, mais celle d’une révolte qui nous dit : l’important, ce n’est pas la bombe, mais la main qui la pose.
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